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Comment propager les idées conservatrices

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La semaine dernière, j’ai participé à la Manning Networking Conference à Ottawa. J’ai eu le plaisir d’y rencontrer l’un des plus grands défenseurs de la liberté et d’un gouvernement limité dans le monde, l’ex-représentant au Congrès Ron Paul, qui était le conférencier principal. J’ai également fait une présentation sur comment attirer de nouveaux supporters au Parti conservateur sur un panel en compagnie de mon collègue Jason Kenney (photo : Jake Wright). Le texte de mon discours est reproduit ci-dessous.

Comment propager les idées conservatrices

ron-paul-2013 Maxime Bernier

Manning Networking Conference 2013
8 mars 2013, Ottawa

Nous nous demandons sur ce panel aujourd’hui si le Parti conservateur fédéral a atteint son plafond de popularité. J’espère que non. Parce que si c’est le cas, il ne restera plus aucun conservateur au Québec lorsque nous serons à notre niveau plancher de popularité! Sauf dans ma circonscription de Beauce évidemment!

Donc, pour répondre à la question, comment pouvons-nous continuer d’attirer plus de supporters?

Dans une optique politique conventionnelle, la façon d’attirer plus de supporters est habituellement de se positionner plus au centre. Si vous êtes à droite par exemple, vous présumez que tous les électeurs qui partagent vos croyances et idées de droite vous appuient déjà. Si vous voulez plus d’appui, vous proposez des politiques un peu plus à gauche. Vous faites le contraire si vous êtes un parti de gauche.

C’est peut-être là une stratégie gagnante jusqu’à un certain point, dans certaines circonstances. En ce qui concerne par exemple les questions sociales ou morales, ou encore la politique étrangère. Il est évident qu’on doit être sensible à l’opinion de la majorité et chercher à atteindre un plus large consensus sur de telles questions.

08032013_min-bernier_mnc-2013_photo-par-jake-wright Mais pour ce qui est des questions économiques, je ne suis pas d’accord. Je pense qu’être plus conservateur sur les questions économiques est la meilleure façon de rendre notre économie plus dynamique, notre pays plus prospère, et ultimement d’augmenter notre appui chez les électeurs.

Il n’y a que deux voies à prendre sur cette question. Ou bien nous créons plus de programmes, nous augmentons les dépenses et les taxes – en bref, nous augmentons la taille de l’État. Ou bien nous faisons le contraire et nous réduisons la taille de l’État.

L’évolution de la taille de l’État

Partout dans le monde au 20e siècle, le rôle, la taille et les pouvoirs de l’État ont augmenté.

Prenez par exemple la mesure des dépenses publiques en proportion du produit intérieur brut, c’est-à-dire la portion de l’économie dans son ensemble contrôlée que les gouvernements. Dans les principaux pays du monde occidental, elle est passée d’environ 10 % il y a un siècle à plus de 40 % aujourd’hui.

Au Canada, les dépenses publiques ont atteint un niveau record de 53% du PIB au début des années 1990, ce qui nous plaçait dans la même ligue que des pays socialistes comme la France et les pays scandinaves. Heureusement, cette tendance a été renversée au cours des deux dernières décennies. Les dépenses publiques étaient redescendues à 40% du PIB en 2008.

C’est la principale raison, je crois, qui explique que le Canada a eu l’une des meilleures performances économiques des pays industrialisés depuis cette date. Et pourquoi nous avons traversé la crise dans une meilleure position que les autres.

Durant la crise cependant, l’État a recommencé à grossir. Si nous prenons uniquement les dépenses de programmes fédérales en proportion du PIB, celles-ci sont passées de 13% en 2006 à 16% en 2009. Depuis, elles diminuent graduellement. Si tout va comme prévu, elles devraient être redescendues à 13% en 2016.

Notez que ce n’est pas parce que les dépenses diminuent. Notre gouvernement a fait des compressions dans les dépenses, mais les dépenses de programmes totales vont en fait continuer d’augmenter au cours des prochaines années. Elles augmentent tout simplement moins vite que l’économie, ce qui explique pourquoi elles diminuent en proportion de l’économie.

Je crois que nous devrions être plus ambitieux. Nous devrions être plus conservateurs. Nous  devrions stopper la croissance de l’État en termes réels. L’État est déjà suffisamment gros.

Les avantages d’un plus petit gouvernement

Si nous observons les données disponibles, il est très clair qu’il n’y a que des avantages à avoir un plus petit gouvernement.

La plupart d’entre vous avez sans doute entendu parler du rapport annuel de l’Institut Fraser sur la liberté économique dans le monde. Ce rapport se penche sur plus de 20 composantes de la liberté économiques. Non seulement la taille de l’État, mais aussi d’autres composantes telles que la protection des droits de propriété et la liberté de commerce.

Les pays qui se situent dans le quartile supérieur de liberté économique avaient un PIB par habitant moyen de 38 000 $ en 2010, contre 5000 $ pour ceux du quartile inférieur.

Les 10 % les plus pauvres dans les pays les plus libres économiquement sont deux fois plus riches que les citoyens des pays les moins libres. Les pauvres bénéficient également de la liberté économique.

L’espérance de vie est de 80 ans dans le quartile supérieur, comparé à 62 ans dans le quartile inférieur. Les libertés politiques et civiles sont considérablement plus élevées dans les pays économiquement libres que dans les pays qui ne le sont pas.

La logique qui sous-tend les avantages d’un petit gouvernement est la suivante : l’État ne peut dépenser que des fonds qu’il a d’abord pris ailleurs dans l’économie réelle. Un gouvernement n’a rien à donner avant de l’avoir d’abord retiré à quelqu’un d’autre. Un gouvernement ne peut pas injecter des ressources dans l’économie à moins de les avoir d’abord soutiré des contribuables par des taxes et des impôts, ou de nous avoir endettés davantage en empruntant l’argent.

Quand il dépense, le gouvernement fait toujours concurrence au secteur privé pour mettre la main sur des ressources rares. De plus, les bureaucraties utilisent les ressources moins efficacement que les entreprises privées, qui doivent rester concurrentielle pour être profitables et survivre. Lorsqu’on détourne des ressources de l’utilisation la plus productive qu’elles peuvent trouver dans le secteur privé, pour les utiliser à des fins moins productives dans le secteur public, on verra moins de croissance.

Une proposition de la Beauce

Que pouvons-nous faire, en tant que conservateurs, pour renverser cette tendance? Une façon de changer la nature du débat serait d’annoncer que l’État ne grossira plus.

En janvier dernier a eu lieu à Victoriaville le congrès de l’aile québécoise du Parti conservateur du Canada visant à adopter les résolutions des associations locales en vue du congrès national qui aura lieu en juin prochain à Calgary.

Parmi les résolutions adoptées par l’assemblée figure celle de l’association conservatrice de ma circonscription de Beauce, qui propose un gel des dépenses du gouvernement à 300 milliards de dollars partir du moment où l’équilibre budgétaire sera atteint en 2015-2016 et pour les quatre années subséquentes.

J’ai évidemment appuyé cette résolution de mes militants et j’espère qu’elle deviendra une politique officielle du parti au congrès national l’été prochain. Elle est semblable à une proposition que j’ai déjà faite dans un discours il y a trois ans.

Compte tenu de la croissance économique et de l’inflation, un gel des dépenses en dollars courants aurait pour effet de réduire autant le ratio des dépenses sur le PIB que les dépenses réelles en dollars constants.

Qu’implique un gel des dépenses?

Pensez à ce que signifierait un gel des dépenses. À partir de ce moment, toute décision du gouvernement doit être prise à l’intérieur de cette contrainte budgétaire. Chaque nouveau programme gouvernemental, ou augmentation d’un programme existant, doit être contrebalancé par une diminution ailleurs.

Cela signifie que nous n’avons plus de débats sur la générosité toujours plus grande du gouvernement envers tel ou tel groupe, comme si l’argent dépensé appartenait aux politiciens plutôt qu’aux contribuables.

Le centre d’intérêt du débat se déplace vers une détermination de ce que devraient être les priorités : Quelles sont les plus importantes fonctions que le gouvernement devrait accomplir avec l’argent qu’il a ? Cette fonction de l’État est- elle vraiment importantes et devrions-nous lui donner plus d’ampleur ? Si oui, que devons-nous faire moins ou cesser de faire pour laisser le libre marché, les organisations bénévoles ou les citoyens ordinaires s’en occuper ?

Il s’agirait de tout un changement, vous ne pensez pas ? Un tel engagement à maintenir une  « Croissance budgétaire Zéro » pourrait devenir un puissant symbole de conservatisme fiscal. Les conséquences seraient cependant beaucoup plus profondes.

Cela signifierait que chaque année, la taille relative du gouvernement diminuerait. Cela forcerait les politiciens, les bureaucrates, les lobbyistes, et tout le monde, à arrêter de croire qu’ils peuvent simplement s’accaparer vos salaires à leur profit. Et à cause de ces contraintes budgétaires, les Canadiens seraient beaucoup plus portés à nous croire quand nous disons que nous ne gaspillons pas leur argent.

Il existe un large appui au sein de la population pour ces principes en faveur d’un État plus modeste. Beaucoup de gens qui ne se considèrent pas nécessairement conservateurs et qui ne votent pas pour nous sont exaspérés par les excès de dépenses des gouvernements. Ils veulent payer moins d’impôts et ils veulent que leurs enfants ne soient pas endettés.

Je pense qu’une telle proposition serait également populaire au Québec. Une forte proportion de Québécois considèrent que le gouvernement fédéral est trop gros et intervient trop dans trop de domaines. C’est peut être parce qu’ils sont conservateurs ou parce qu’ils sont nationalistes, mais ils veulent un plus petit gouvernement à Ottawa.

Nous devons convaincre la population que nous n’avons pas simplement pour but de devenir de meilleurs gestionnaires d’un plus gros État ; nous voulons devenir de meilleurs gestionnaires d’un plus petit État. Nous pourrons obtenir plus d’appui en étant plus conservateurs sur les questions fiscales et en défendant les principes de la liberté et de la responsabilité individuelles, et d’un plus petit État.

Nous devons le faire parce que les Canadiens veulent payer moins d’impôts et garder plus d’argent dans leurs poches; parce qu’ils veulent aller aussi loin que leurs talents, leurs ambitions, leur créativité et leur sens du travail peuvent les mener; parce qu’en fin de compte, les Canadiens souhaitent plus de liberté économique et une société libre. En d’autres termes, chercher à limiter la taille de l’État est une noble entreprise. C’est un puissant message qui nous permettra d’aller chercher de nouveaux supporters.

Si nous faisons cela, et si nous nous assurons que le Canada devient un pays encore plus prospère, je peux vous dire que le Parti conservateur atteindra de nouveaux sommets de popularité! Merci.


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